Une journée de travail, encore une. La vie me semblait bien monotone en ce moment, mais je savais très bien que ce n’était pas le cas. La peur régnait toujours autant, tout comme la mort. Il ne se passait pas un jour sans que la rubrique nécrologique n’augmente de noms qui ne m’étaient pas familier pour la plupart. Il arrivait pourtant qu’un matin, je me lève en apprenant le décès d’une personne que j’avais côtoyé durant mes années d’études à Poudlard. Et à chaque fois, mon cœur se serrait un peu plus, pensant à ces familles en deuil, même si je ne connaissais pas spécialement le décédé. Mais ce matin-là, tout ce que je reçu, c’est un hibou de ma sœur, me conviant à la rejoindre au « Chant des Sirènes » dans l’après-midi. Bien entendu, je lui renvoyais la missive avec une réponse positive. Orchid, ma cadette de 5 ans était sans aucun doute la personne qui m’était la plus chère de toute la famille, se positionnant de loin avant mes propres parents. Comment était-ce donc possible ? Ce n’était pas vraiment difficile avec des parents tels qu’étaient Caleb et Sybille Malefoy, tous les deux froids envers leurs propres progénitures. Orchid avait eu de la chance, elle était sûrement celle qui a le plus reçu d’affection entre nous deux ; la mienne à en commencer, mais également le peu que pouvait accorder nos géniteurs. Moi, je n’étais que l’erreur de la famille. Et c’est pour cette raison que j’ai quitté le manoir familial dès que j’ai pu.

J’avais élu domicile à Londres, le côté ouest depuis maintenant 3 ans, depuis que j’ai commencé mon travail en temps que briseuse de sorts à Gringotts en réalité. Mes parents n’ont absolument rien fit au fait que je déménage. Ils ont même payé une grande partie de mon appartement ainsi que des fournitures. À croire qu’ils voulaient aussi se débarrasser de moi le plus rapidement possible. La seule personne qui était contre mon déménagement était ma sœur, bien entendu. Mais je suis quand même partie. J’avais besoin d’un peu plus de liberté, même si maintenant, ce n’était plus le cas vu mon statut de fiancée. D’ailleurs, je ne retournais que trop peu chez moi à mon goût. Soit je passai mon temps à Gringotts, soit chez ledit fiancé. Comme si j’en avais envie… Mais voilà, sous ordre de mes parents, je devais rester en sa compagnie le plus possible, pour m’habituer à sa présence m’ont-ils dit. Mensonge, c’était surtout pour me savoir surveillée… Ce que je pouvais les détester.

Deux semaines. Voilà maintenant deux longues semaines que je n’avais plus vu ma petite Orchid. Toute la matinée, je l’ai passée concentrée, travaillant rapidement mais efficacement. Je voulais en finir le plus tôt possible pour pouvoir enfin voir ma cadette. Elle m’avait manquée, énormément. Notre relation a toujours été assez fusionnelle même s’il est vrai que depuis quelque temps, nos disputent se font plus fréquentes, mais aussi plus violentes. Mais cela prouvait bien à quel point nous tenions à l’autre. La famille, ça devait être ainsi, et non pas ressentir de l’indifférence les uns envers les autres. Et c’est sans doute grâce à elle que j’étais contente de m’appeler Malefoy.

Au « Chant des Sirènes », voilà l’endroit où nous devions nous retrouver. Ce riche restaurant n’était accessible qu’aux sangs-pur, à l’exception de quelques puissantes familles de sang-mêlé. Le fait qu’elle ait choisi un tel endroit ne m’a pas étonné le moindre du monde. Elle restait une Malefoy, aimant montrer sa richesse au monde entier. Et puis, ça faisait toujours bonne impression de ce retrouver en ce lieu et non pas au Chaudron Baveur. D’ailleurs, qui y va encore ? Ce pub devient de plus en plus miteux… Rien d’étonnant si vous voulez mon avis. Ainsi, je suis arrivée en avance, habillée classe comme je le devais pour rentrer dans ce restaurant. Tout de suite, le serveur m’accompagna à notre table. Oui, nous les sangs-pur, avions souvent une table qui nous était réservée à chaque moment de la journée, pour éviter de devoir attendre (ce qui serait inadmissible en employant les mots de mère). Et bien entendu, aux meilleurs endroits. Ainsi, je pris place, commandant un café, en attendant l’arrivée d’Orchid.

Cela faisait trois jours qu’avait eus lieu le petit « incident » du ministère. Trois jours où elle était restée dans son lit, prostrée, blessée. On avait porté atteinte à sa dignité, à son nom, à sa lignée. Les hommes, les parfaits imbéciles qui l’avaient capturée -alors qu’elle n’avait pas ses papiers, honnêtement, ça lui servait à quoi ?- puis l’avaient emmenée au ministère, dans les salles d’interrogatoires, sans vérifier au préalable son identité.
Et elle avait alors vécu ce que vivaient les nés-moldus et les traitres, un interrogatoire en règle.
On aurait pu croire que de subir cela changerait sa manière de considérer les impurs. Mais au contraire, ça n’avait fait que raviver et affirmer la haine qu’elle leur portait. S’ils n’avaient jamais existé, elle n’aurait pas souffert, c’était aussi simple que cela.

Au bout de trois jours sans manger, bougeant juste pour aller se noyer dans une baignoire de marbre rose, elle bougea enfin de son amorphie, elle avait besoin de parler. Parler de ce qu’elle avait ressenti, de ce que Doloris lui avait fait, cette souffrance, ce millier d’aguilles dans sa chair. Etrangement, elle n’admirait qu’encore plus ce sortilège, et s’impatientait d’un jour pouvoir l’utiliser. Elle avait une rancœur, que même la mort de ses deux tortionnaires ne suffirait pas contenter. Elle voulait faire souffrir, faire souffrir la véritable cause de ce qui s’était passé.
Les nés-moldus.
Mais ça elle ne le dirait pas à sa sœur, non, elle ne mettrait pas sur la table l’un de ses sujets de leur dispute, et pourtant si important. Elle ne voulait pas aborder les croyances et coutumes des Malefoy et des sang-purs digne de ce nom. Car elle connaissait les avis de Cassiopea, car elle n’était pas en accord avec eux, car au fond, mais vraiment au fond de son âme, elle savait qu’elle avait raison.

Sa relation avec sa sœur était étrange. Elles n’avaient ni les mêmes idées ni les mêmes valeurs et se disputaient souvent à ce sujet. Pourtant Cassy était la ligne de survie d’Orchid, celle qui lui avait permis de dépasser une enfance sans amour, d’avoir la tendresse qu’on ne lui donnait pas. Elles avaient 5 ans d’écart, elle avait toujours eu cette ombre protectrice au-dessus d’elle et avait très mal prit son départ de la maison. En fait elle lui en voulait encore, de l’avoir abandonnée. Mais bientôt elle aussi aurait sa liberté. Mais elle savait au fond que sa sœur n’avait pas tant de chance que cela. Si Orchid n’avait pas encore eu la joie de rencontrer son aimable futur époux, bien évidement choisit par ses parents, sa sœur avait le sien, et il fallait être aveugle quand on la connaissait bien pour ne pas se rendre compte que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ce fut sans surprise que sa sœur accepta, ce qui apporta un petit rayon de lumière dans la semaine désastreuse que passait Orchid. Voir sa sœur était un plaisir, tant qu’elles n’abordaient pas de sujets fâcheux, ce que la jeune blonde allait éviter. Aujourd’hui elle avait besoin de tendresse et d’un réconfort qu’on ne lui avait pas fournis. Cassiopea était-elle seulement au courant de ce qui s’était passé au ministère ? Sans doute personne n’avait cru trouver bon de lui dire. Elle était la fille ainée, un accident, celle dont on se débarrassait puis dont on ne se préoccupait plus. Orchid elle avait été la déception, une autre fille. Il n’y avait aucun garçon dans la lignée Malefoy et elle soupçonnait son père, qui jamais ne lui avait adressé un regard pour autre chose que du mépris, de l’avoir élevée de manière à ce qu’elle puisse reprendre le flambeau d’une certaine manière. Elle l’avait vu dans ses yeux au ministère, quand elle s’était échappée seule de la salle et avait choisi la sentence de mort pour les rafleurs. Ce n’était pas de la fierté, mais du contentement. Face à la cruauté qu’elle avait montrée, il avait éprouvé une émotion positive. Et Orchid n’allait pas laisser passer la chose. Non pas qu’elle désirait la fierté de son père, elle y avait renoncé depuis longtemps, mais si cela pouvait lui permettre de devenir la figure montante et représentative des Malefoy, alors elle saisirait l’occasion sans un regret ni remord.

Le Chant des Sirènes, le meilleur restaurant de tout le Londres sorciers. Elle n’y serait pas à l’heure de pointe des grandes familles, car elle voulait garder de l’intimité avec sa sœur, mais il n’y avait eu que ce noble choix de lieu qui lui était venu à l’esprit. Elle n’aurait jamais voulu se mêler avec des personnes moins pures qu’elle, et peut-être encore moins des traitres. Mais justement les traitres n’avaient pas les moyens de s’offrir ne serait-ce qu’un verre d’eau de ce lieu. C’était donc parfait.
Elle s’était apprêtée pour l’occasion. Pas pompeusement, une robe simple, mais de grande couture, en lin, coton, dentelle large et de chantilly. Elle avait surtout soigné son maquillage. Son visage ne s’était pas encore remis de ses mésaventures, qui bien que courtes avaient été éprouvantes. Ses joues étaient légèrement creuses et son teint d’un blanc maladif. Elle ne voulait pas que sa sœur s’inquiète. D’un léger mouvement de baguette, d’une formule qu’elle avait conçue, elle raviva la couleur de sa peau et appliqua un maquillage léger et naturel, et d’un autre elle coiffa ses cheveux d’or. Elle paraissait en pleine santé. Mais ce n’était que les apparences et Cassy saurait sans doute voir à travers.

Quand elle arriva, sa sœur était déjà là, ravissante. Orchid lui offrit un sourire radieux et véritable avant de s’assoir en face d’elle.
Remarquant que sa main amaigrie par son jeun tremblait, elle la posa sur celle de sa sœur avec délicatesse et maîtrise. C’était son premier contact humain depuis son retour chez elle.
Sa voix se brisa involontairement sur les premières syllabes mais elle réussit à trouver ce qu’elle trouvait toujours. L’assurance et un discours fluide. Les premières clefs du succès.
‘Ça me fait plaisir de te voir Cassy. Tu vas bien ? Pas de problèmes à Gringotts ? L’ambiance est redevenue plus paisible depuis l’histoire du cambriolage ? Et avec Liam ?’
Il était évident qu’Orchid cachait ses propres problèmes sous une liasse de questions. Mais était-ce pour se protéger ? Pour réellement s’informer sur sa sœur ? Ou alors dans l’unique but qu’on lui demande enfin si elle allait bien ?
La réponse à cette question, sur l’origine de ses actes, il n’y avait qu’elle pour y répondre.

Deux minutes, il ne m’a fallu que deux minutes d’attente avant de recevoir ma commande. Toujours aussi rapide, ce qui était quand même une obligation. Après tout, on ne fait pas attendre une sang-pur, et encore moins une Malefoy ! Certes, le prestige de notre famille s’est retrouvé en déclin depuis un certain temps déjà, mais cela n’empêchait cette crainte et ce respect que notre nom évoquait à la société sorcière. Nous restions une grande famille que personne n’oserait avoir sur le dos. Car en avoir un signifiait avoir tout le clan en tant qu’ennemi. Oui, nous restions unis face à l’adversité malgré cette indifférence que nous nous portions mutuellement. Ainsi donc, je n’adressais même pas un regard au serveur. Néanmoins, je le remerciais avec une voix sèche. Certes, je me devais de garder ce masque en lieu public, mais je restais une fille bien élevée, très bien élevée même. Ainsi, la bienséance et la politesse restaient indispensables.

Lentement, je portais la tasse à ma bouche, trempant mes lèvres doucement, évitant de me brûler. Toujours aussi savoureux. Le « Chant des Sirènes » était un restaurant chic où les plats pouvaient atteindre des sommes exorbitantes. Mais la qualité restait de premier ordre, ainsi, tout se retrouvait être un véritable délice et seul un imbécile pouvait s’en plaindre. Ô bien sûr, il y en avait toujours quelques-uns qui cherchaient des problèmes, mais jamais rien au niveau du goût. Beaucoup ne supportaient juste pas le fait d’être servi par un sang-mêlé. Car oui, certains de ces êtres « moins » purs avaient le droit de travailler en ces lieux.

Cinq minutes, puis dix. Je buvais ma boisson lentement, la laissant me réchauffer petit à petit. Enfin, j’aperçus la chevelure or de ma sœur à l’entrée. Les Malefoy sont toujours repérable grâce à la couleur unique de leurs cheveux. Elle était toujours aussi jolie, encore plus en ce moment-même, vêtue d’une jolie robe, simple certes, mais rien qu’à la qualité du tissus, on se rendait bien compte qu’elle avait coûté un certain prix. Tout de suite, Orchid vint s’asseoir en face de moi, gardant son beau sourire, que je lui rendis. Néanmoins, quand elle posa sa main sur la mienne, tout de suite, je fronçais des sourcils. Elle tremblait. Certes, ses tremblements n’avaient duré qu’une fraction de seconde, mais je l’avais senti. Mon inquiétude augmenta alors quand elle prit la parole. Sa voix s’était fragilisée mais avait rapidement repris de l’assurance. Et toutes ces questions qu’elle me posait, tout de suite j’en déduisais la cause. Elle essayait de me cacher quelque chose. Sauf que j’étais sa sœur, je l’avais vue grandir, je l’avais presque élevée, je savais très bien quand elle n’allait pas bien. Peu importe la manière dont elle faisait pour détourner l’attention, elle savait pertinemment que je reviendrais sur elle. Après avoir répondu à sa tirade de questions, certes, mais elle ne m’échapperait pas aussi facilement. « Ça me fait plaisir de te voir Cassy. Tu vas bien ? Pas de problèmes à Gringotts ? L’ambiance est redevenue plus paisible depuis l’histoire du cambriolage ? Et avec Liam ? » Toutes ces question étaient sans doute celles dont je m’attendais le plus, mais aussi celle dont j’appréhendais le plus. J’aimais parler de mon travail, mais pas du cambriolage qui s’était passé deux mois auparavant, et encore moins de mon fiancé. Je fis donc tout pour retarder la discussion. J’appelais le serveur d’un geste de la main. Celui-ci arriva la seconde qui suit, prenant la commande d’Orchid avant de s’en aller. Je bus une gorgée de café, lentement, avant de la reposer. « Je vais très bien chère sœur, merci de t’en soucier. » Oui, il m’arrivait souvent de me montrer extrêmement polie au début d’une conversation, mais comme à chaque fois que je parlais avec Orchid, cette politesse exagérée ne durait pas longtemps. « Pour le moment, aucun problème. La sécurité a été totalement refaite, renforcée au préalable, bien entendu, pour éviter que ce genre d’accident n’arrive à nouveau. Si tu savais à quel point les gobelins sont désagréables. Même après deux mois, ils sont toujours aussi méfiants, encore plus même. Et les contrôles se font de plus en plus importants. Il ne se passe pas un jour sans que nous nous fassions contrôler. Tu imagines ?! Je dois presque montrer mes papiers tous les jours ! Comme s’ils ne savaient pas qui j’étais ! » Oui, parler de ces gobelins pouvait m’énerver légèrement, surtout à cause de leur manque de confiance en leur propre personnel. Je veux dire, je travaille avec eux depuis maintenant 3 ans et ils sont toujours aussi paranoïaques. De quoi vous rendre cinglés…

Liam était sans doute le sujet que j’aimais le moins aborder, en plus de nos points de vue différents. Orchid n’était au courant de rien. Je crois même que personne n’est au courant de ce qu’il me faisait. Non, ce n’est pas vrai. Nos parents devaient savoir. Pourquoi m’avaient-ils fiancé à un homme pareil si ce n’était pour me punir ? Ils ne voulaient pas d’une fille faible, alors ils m’avaient vendu au plus horrible d’entre eux pour que je me forge un caractère, ou pour que je sois encore plus détruite. Et je ne disais rien… J’avais tout simplement honte. J’avais tout simplement peur. Je m’apprêtais alors à répondre quand le serveur revint avec la commande de ma cadette, retardant ainsi ma réponse. Intérieurement, je le remerciais, mais une fois qu’il repartit, je pris mon courage à deux mains. Je bus une nouvelle gorgée de mon café avant de lui répondre calmement. « Et bien, je commence doucement à m’habituer à sa présence chaque jour, ou presque. Entre nous, c’est toujours pareil. » Je ne m’avançais jamais plus dans les détails avec mon fiancé, mais je savais pertinemment que ma sœur ne serait pas satisfaite avec le peu de croustillant que je lui donnais. Ainsi, alors qu’elle ouvrait la bouche pour me poser une nouvelle question, je m’empressais de renverser la situation. « Et toi ma chère ? Que se passe-t-il ? Et ne me réponds pas rien, je sais très bien qu’il t’est arrivé malheur. » J’espérais avoir exagéré la chose en le lui disant ainsi, mais mon intuition me disait que ce que j’allais entendre n’allait pas me plaire, vraiment pas…

A vrai dire, ce que lui disait Cassiopea l’intéressait peu sur le fond. Ce qu’elle avait besoin c’était d’entendre la douce et délicate voix de sa sœur, celle qui avait bercée son enfance et calmait encore aujourd’hui ses angoisses. Bien sûr elle écoutait, mais d’une oreille distraite, trop occupée à capter tous les sons et intonations pour les garder précieusement en tant que baume pour son esprit.
La situation à Gringotts était certes préoccupantes…pour ceux qui y travaillaient, étant donné que ce n’était pas le coffre des Malefoy qui avait été cambriolé…
Elle tiqua juste sur la phrase concernant le contrôle d’identité, un dit contrôle étant la véritable raison de son arrestation. Sa main se crispa légèrement mais elle eut un petit sourire de soutient pour sa sœur, qui espérait-elle, cacherait sa réaction.
Portant un verre d’eau à sa bouche elle vit sa soupe arriver avant même la suite de la réponse de sa sœur.
Elle n’allait pas manger beaucoup, elle n’avait pas faim du tout, mais ne voulait pas faire peur à Cassy. Et puis comme son estomac n’avait rien reçu depuis trois jours, elle savait qu’il fallait y aller doucement.

Elle regardait le ballet des serveurs derrière sa sœur pendant que cette dernière lui parlait de Liam. Orchid sentait parfaitement que Cassiopea ne lui disait pas tout, qu’il y avait un gros secret là-dessous, douloureux. Mais elle n’insisterait pas, elle n’avait pas envie de faire souffrir sa sœur, de remuer le couteau dans la plaie. A moins que ce ne soit que pour s’épargner des angoisses supplémentaires concernant son potentiel futur propre fiancé.
Plongeant sa cuillère dans son breuvage, onctueux, parfaitement préparé dont l’odeur faisait frémir ses narines mais pas son estomac, elle ne faisait que le remuer, sans réellement y toucher alors qu’il s‘agissait de l’un de ses plats favoris.
Alors qu’elle voulait encore la perdre sous les questions, sa sœur prit l’avantage en rapidité et la surplomba, il était à elle de répondre.
Bon, bien évidemment, Cassy avait tout compris, et elle saurait parfaitement si sa sœur lui mentait, alors autant tout lui dire, de toute manière c’était ce que comptait bien faire Orchid.

« Il y a trois jours j’ai été contrôlée par deux rafleurs. Je n’avais pas mes papiers sur moi. Ils étaient idiots et je ne sais quoi, bulgares peut-être, et ne connaissaient pas notre nom, notre famille.
Alors ils m’ont embarquée. Et interrogée. »
Sa voix s’était parfaitement brisée sur la fin. Elle n’aurait pas pu décrire comment à sa sœur, mais sans doute comprenait-elle en voyant la souffrance et la peur dans les yeux d’Orchid. La crainte que cela se reproduise un jour, qu’elle subisse à nouveau le sortilège de Doloris. Pour s’empêcher de craquer –une Malefoy ne craquait pas en public- elle tourna la tête et fit signe qu’on vienne lui enlever son plat. Il était froid. Et non elle n’en désirait pas un autre.

Toutefois il y avait autre chose qu’elle désirait cacher, mais qui passerait sans aucun doute inaperçu sous son masque de souffrance. Sa haine. Une haine féroce, brulante, nouvelle et ancienne à la fois.
Et ceux qu’elle détestait étaient ceux que sa sœur protégeait.
C’est pour ça qu’elle le cachait, car elle ne voulait pas se disputer avec sa sœur, pas ce soir. Et si cela devait se faire, jamais elle n’admettrait que sa sœur avait raison, on ne lui avait pas appris ça, et désormais, elle avait sa propre raison d’y croire dur comme fer, car après tout, si on n’avait pas cru qu’elle aurait pu être une née-moldue, elle n’aurait jamais subi tout ça.
Pire que de la haine, elle avait désormais envie de les faire souffrir, si elle en avait eu la possibilité, fort est à parier qu’elle n’aurait pas hésité à lancer un doloris. Certes ce sortilège l’avait fait souffrir, mais elle éprouvait une passion morbide pour lui désormais.

Ayant retrouvé tous ses esprits, elle entreprenait désormais de rassurer sa sœur, la nouvelle ne devait pas avoir eu un effet apaisant sur l’esprit de Cassy.
« Mais ne t’inquiètes pas pour moi, ça va bien, j’ai juste été un peu secouée, et puis les responsables ont été punis. Je crois que je n’avais jamais vu notre famille aussi unie…tu sais, il y avait père, mère et oncle Tomas, ensuite c’est tante Bathilda qui m’a prise en charge à St-Mangouste. Il faut croire que pour une famille unie, il faut une menace. » Ironisa-t-elle, faire de l’humour, même noir, lui ressemblait, et prouverait qu’elle allait un peu mieux, même si ce n’était pas exactement la réalité. « En tout cas tu aurais dû être prévenue, je ne comprends pas pourquoi ils ne l’ont pas fait… »

La raison pouvait peut-être évidente. Les parents Malefoy connaissaient, en partie, l’esprit de leur fille ainée et sans doute n’avaient-ils pas besoin d’un retour en masse de rébellion et de mécontentement, à vrai dire, depuis que Cassiopea était partie du manoir, ce dernier était bien plus calme. En effet, Orchid était plus docile, sinon moins bruyante, elle savait agir avec diplomatie, dans l’ombre. C’était, à ses yeux, plus efficace et moins risqué. Une vraie sang-pur, manipulatrice comme il le fallait. Même avec sa sœur, avec qui elle était pourtant naturelle en temps normal, elle commençait à prendre quelques habitudes. Et elle le regrettait, mais elle n’y pouvait pas grande chose, Cassy s’éloignait trop de la voie que voulait suivre Orchid.
Mais cela n’avait pas réellement rapport avec le sujet de ce midi.
Maintenant il restait juste à attendre comment sa sœur allait réagir. Mal bien sûr, elle s’en doutait et regrettait presque de lui faire subir ça, mais il fallait bien l’avouer, en parler l’avait soulagée, même si elle n’avait pas partagé ses sentiments intimes sur la situation. Et puis il était trop tard pour revenir en arrière, elle tempèrerait la réaction de sa sœur par la suite si il le fallait.