Freyja posa sa main délicate dans celle calleuse, sèche et dure de son futur époux. Soupirant intérieurement face à la répulsion que l’homme lui inspirait. Voulant dissimuler son dégoût, elle posa son regard clair sur ce qui l’entourait, elle ne fut guère surprise en constatant que le manoir ressemblait à son propriétaire ; froid, imposant et dénué de tout attrait.
Dire qu’elle devrait passer sa vie ici, partager sa couche avec ce rustre tout juste bon à dilapider sa fortune en futilité. Comment diable était-elle censée supporter cette vie fade, si éloignée de tout ce qu’elle était ?! Mais, comme son père avait aimé à le lui rappeler, c’était soit un mariage fructueux pour leur famille, soit elle se débrouillait seule sans aucune ressource. Il tenait trop à cette alliance pour la laisser la gâcher. Elle n’avait donc guère eu le choix, refusant de vivre comme une paria, parce qu'évidemment personne ne tournait le dos à la famille Grindelwald sans en subir les conséquences. Elle tenait de toute façon bien trop à son train de vie pour le mettre en péril, son père avait donc su en glissant cette phrase quel serait son choix. Elle, vivante jamais on ne la verrait vivre comme un de ces sorciers de bas étage !
Cependant, loin de souhaiter ressembler à sa mère, qui ne jurait que par une éducation incroyablement stricte, souhaitant qu’elle devienne une épouse aussi docile et soumise qu’elle, elle comptait bien faire en sorte de retourner se mariage arrangé à son avantage. De toute façon sa mère avait toujours cru à tort qu'elle avait réussi à faire d'elle une future épouse obéissante comme elle l'était elle-même. Or, Freyja bien trop ambitieuse et orgueilleuse, s’était contentée de donner le change. Son père lui avait en effet toujours répété que les Grindelwald n'obéissaient à personne et que c'était eux qui dirigeait et pas le contraire. Elle apprit ainsi un instrument de musique comme sa mère le souhaitait, devenant un modèle de politesse et de raffinement, se montrant douce et obéissante, mais dès qu’elle l’avait pu elle s'était faufilée hors du manoir pour agir d'une façon que sa mère aurait totalement désapprouvé. Si sa mère l’avait su nul doute que l’horreur de la situation l’aurait tuée. Mais malheureusement pour elle ses deux enfants étaient des rebelles dans l'âme qui se plaisaient à agir d'une façon totalement contraire à leur rang derrière son dos. La seule au courant de ce comportement était bien évidemment leur grande sœur Cordélia à qui rien n'échappait. Mais celle-ci s'en moquait tant que cela n'entachait pas l'honneur de la famille. Elle comprenait leur besoin de prendre leur indépendance et de prouver leur valeur. Freyja voulait montrer de quoi elle était capable, pas servir de potiche ! Elle refusait d'être comme sa mère et de se contenter d'être au second plan, effacée et silencieuse.

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Elle resta allongée, immobile dans l’obscurité, jetant un coup d’œil à sa robe blanche gisant par terre, puis à son époux qui lui tournait le dos. Le mariage était arrivé trop vite à son goût, de même que la nuit de noce. Elle avait tenté de ne pas se sentir mal, et dans son orgueil il avait pris son dégoût pour de la pudeur. Il avait préféré croire qu'elle était gênée, alors qu'elle s'était obligée à ne penser à rien. Elle en aurait ri si elle l’avait pu face à ses paroles. Cet imbécile croyait qu’elle était une de ses jouvencelles effarouchées ! Avait-elle vraiment quelque chose en commun avec celle que sa mère imaginait qu'elle était ? N'avait-elle pas prouvé qu'elle était en tout supérieur à son époux. Alors qu’elle avait réussi à le duper, lui laissant croire qu’elle ne connaissant rien aux choses de l’amour. Cela l’avait amusé quand il lui avait dit espérer bientôt un héritier. Il attendrait longtemps, car elle avait veillé à prendre une potion qui lui assurait que sa descendance ne partage pas le sang de cet homme. Elle se refusait à avoir un enfant de ce rustre, ce barbare sans charme. Elle aimait la beauté, le charisme et l'éloquence, et il n'était pourvu d'aucune de ses qualités ! Il avait déjà un héritier, il n'avait qu'à s'en contenter.

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« Samaël, ne sois pas ridicule, tu savais parfaitement à quoi t'attendre. Ton apitoiement est d'un pathétique. Vas donc trouver quelqu'un d'autre auprès de qui te lamenter. Je n'ai pas le temps de jouer la nounou pour toi. » Freyja était furieuse, furieuse de voir qu'il se montrait si faible. Elle ne lui demandait pourtant pas grand chose, et il se révélait incapable de lui donner ce qu'elle voulait. Tout le monde l'adorait, elle n'aurait eu qu'à claquer des doigts pour qu'on exauce le moindre de ses caprices, mais il se révélait décevant. Elle l'avait pourtant choisi lui, parce qu'elle le pensait plus intelligent que les autres, elle l'avait pensé à sa hauteur, mais elle devait une fois de plus convenir que si elle voulait que les choses soient faites, et bien faites, il fallait qu'elle le fasse elle-même. Elle poussa un soupir agacé. Cela était-il difficile de se débarrasser des obstacles encombrants ?! A croire que oui, pour qu'il est si lamentablement échoué. Heureusement, elle n'avait eu aucun mal à se débarrasser de son époux elle-même. Elle avait pensé que peut-être elle aurait un instant d'hésitation et qu'après elle se sentirait coupable, mais rien de cela ne s'était produit. Elle se sentait au contraire incroyablement soulagée, euphorique même. Elle était enfin libre, pour la première fois de sa vie, c'est elle qui avait choisi qu'elle serait son destin et dorénavant ce serait toujours ainsi. Samaël avec un air indéfinissable, son ton trahissant un peu de regret et de culpabilité. « Mon père est mort ! » Elle leva les yeux au ciel, se demandant pourquoi tout d'un coup il semblait découvrir qu'il possédait une conscience et qu'il tenait à son père. « Oh pardonnes moi c'est vrai que vous étiez si proches. Je suis certaine que le fait qu'il veuille un « véritable héritier » montre à quel point tu comptais pour lui ! » Freyja le fixait avec un sourire amusé, pas pour un sou impressionnée par son inquiétude. Honnêtement, elle ne se souciait pas le moins du monde d'avoir tuer son époux. Elle était intouchable. Personne ne s'attaquerait à une Grindelwald, surtout qu'elle avait parfaitement préservé les apparences. Le rôle de l'épouse éplorée ne serait qu'un rôle de plus à jouer et comme d'habitude elle le jouerait à la perfection. Elle n'avait été été pour lui qu'un splendide trophée dont il avait pensé pouvoir disposer à sa guise. Elle lui avait prouvé que ce n'était pas le cas. Elle ne demanderait pas pardon, le repentir lui importait peu. Elle laisserait de côté cet étrange sentiment qui lui hurlait que quelque chose ne tournait pas rond, qu'elle n'était pas une meurtrière. Elle tenterait d'oublier cette étrange impression de ne pas avoir été elle-même. Dorénavant, son destin était seulement entre ses mains ; elle n'avait plus qu'à se défaire de l'emprise de sa mère.